Le patrimoine minier de Saint-Jean-de-Maruéjols-et-Avéjan est intimement lié à l’histoire de l’extraction de l’asphalte et du lignite.

Quelques éléments de chimie et de géologie :

L’asphalte exploité dans les concessions à l’est du bassin d’Alès est un mélange naturel de calcaire et de bitume. Ce dernier est composé d’hydrocarbures et présente une consistance visqueuse à solide, ce qui ne permet pas son extraction par les techniques pétrolières classiques. Le bitume est liquéfiable à chaud et adhère aux supports sur lesquels on l’applique.

Le gisement de Saint-Jean-de-Maruéjols se situe dans les couches calcaires du Ludien, sédiments datant de l’époque géologique de l’Éocène et déposés entre -37,8 et -33,9 millions d’années.

Le pendage du gisement forme un angle d’environ 8° par rapport au niveau de la plaine de Barjac, soit une pente de 13%, qui descend d’est en ouest. L’horizon des calcaires asphaltiques, composé de plusieurs couches, plus ou moins imprégnées de bitume sur 0,5 m à 2 m d’épaisseur, a une puissance globale pouvant atteindre une trentaine de mètres. L’épaisseur moyenne est de l’ordre de 10 m avec des teneurs de l’ordre de 7 à 8% de bitume, le maximum étant de 12 à 13%. L’ensemble du gisement est très fragmenté par les nombreuses failles présentes dans les couches géologiques profondes qui prolongent vers l’est la faille des Cévennes.

L'histoire industrielle de l'asphalte :

Dans le Moyen-Orient, le bitume a été utilisé depuis la Préhistoire et l’Antiquité comme adhésif dans les constructions, comme imperméabilisant pour les paniers et comme calfatant pour les embarcations. Son emploi sous la forme de pavés ou de briquettes, s'est développé en Europe à partir de la fin du XIXe siècle. La poudre issue du broyage du calcaire asphaltique est transformée, après un traitement thermique, en mastic. Une fois refroidie et moulée, cette pâte est  étanche, résistante aux chocs, et peu sensible à l’altération due au vieillissement. Ces pavés sont alors utilisés pour le dallage des ateliers des usines, l’étanchéité des toitures en terrasses des bâtiments et des ouvrages de génie civil, ainsi que pour la réalisation de voiries.

Dans le village de Saint-Jean-de-Maruéjols, bien avant l’industrialisation de l’extraction des calcaires asphaltiques dans les mines, des blocs de calcaires striés de bitume ont été extraits au niveau du sol et utilisés lors de la construction des grands bâtiments tout au début du XIXe siècle. Ils sont encore bien visibles dans l’encadrement de la porte du temple, dans les marches de l’escalier menant au clocher de l’église ainsi que dans certaines maisons du village ancien.

L’autre roche extraite au XIXe siècle à Saint-Jean-de-Maruéjols, est le lignite, charbon de pouvoir calorifique intermédiaire entre la houille noire et la tourbe. Ce combustible était principalement utilisé pour le chauffage des élevages du Ver à soie dans les magnaneries.

L’organisation de l’exploitation de l’asphalte à St Jean de Maruéjols :

  • L’organisation administrative : le droit minier français reconnaît la propriété du sous-sol à l’État qui en attribue le droit et le délai d’usage ainsi que les conditions d’exploitation. C’est le système des concessions minières. Quatre  concessions ont été attribuées sur la commune de Saint-Jean-de-Maruéjols (cf. la carte de la situation des concessions) pour l’extraction et l’exploitation de l’asphalte : la concession de St Jean de Maruéjols en 1859, la concession de Fontcouverte en 1906, la concession du Rebésou en 1908, la Concession de Mas Taulelle en 1932.
  • Les méthodes d’extraction dans les mines : à Saint-Jean-de-Maruéjols, le bitume étant piégé dans une roche calcaire, celle-ci était extraite selon des techniques proches de celles mises en œuvre dans les carrières souterraines. Le gisement d’asphalte présentant un profil relativement plat, l’excavation utilisait la méthode des chambres et piliers abandonnés qui consiste à creuser de façon à former en alternance des chambres vides et des piliers laissés pour soutenir le toit (cf. un extrait du plan des travaux souterrains au départ du Puits Goldney : en couleur claire, les piliers abandonnés et en couleur plus foncée, les chambres et galeries excavées).
  • le conditionnement et l’usage : la SMAC a mis au point le carreau d’asphalte comprimé et en a déposé le brevet en 1889. Façonnés par compression de poudre d’asphalte naturel dans des moules, ces carreaux étaient utilisés directement comme revêtement de sol. Anti-poussière, très peu sonores et d’une excellente résistance à l’usure et aux chocs, ils présentaient en outre l’avantage de ne pas endommager les outils en cas de choc. Autant d’atouts qui en faisaient le revêtement idéal pour le sol des ateliers et les toits en terrasse des immeubles en cette période de plein essor industriel et urbain.
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